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  • Photo du rédacteurMamzelle Cervelle

Cyberharcèlement et agressions en ligne : y-a-t'il plus de haine en nous ?

Dernière mise à jour : 6 juin 2022

Selon une étude de 2021, environ 20% des jeunes de 10 à 18 ans ont été victimes de cyberharcèlement en France. Aux Etats-Unis, c’est plus de la moitié des adolescents qui ont subi des agressions ou du harcèlement en ligne, et autant qui déclarent qu’il s’agit d’un problème majeur pour eux. Cela n’est pourtant que la partie visible d’un phénomène grandissant qui peut avoir des conséquences dramatiques pour des individus et les communautés.

Mais peut-on comprendre les origines de ces comportements? Vivons-nous dans une société qui a de plus en plus de haine en elle ? Comment gérer ce phénomène en tant que victime, ou même en tant que témoin ?

Dans cet article, je vous propose de mieux comprendre le problème de diffusion de l’agressivité ciblée en ligne, les biais cognitifs associés, mais aussi des conseils pour lutter contre un phénomène au potentiel dévastateur pour tant de jeunes et moins jeunes.


Par Ulrike May via Pixabay

Le cyberharcèlement, c’est quoi ?


Le cyberharcèlement se rapproche du harcèlement puisque l’on pourra le caractériser par des agressions répétées dont l’intention est de nuire à autrui. Les intimidations en ligne qui se cumulent peuvent faire l’objet d’un cyberharcèlement. En général, elles sont accompagnées de grossièreté, mais pas nécessairement car les agressions sur internet peuvent prendre plusieurs formes. En effet on peut trouver :

  • Le "Flaming" : le fait de s’emporter (lors d’un désaccord) et de devenir agressif avec des insultes envers autrui

  • L'exposition : lorsque l’on expose des informations personnelles d’une victime pour lui nuire

  • Les menaces

  • Le dénigrement : par exemple en lançant de fausses rumeurs pour blesser autrui

  • Le "Happy Slapping" : rien à voir avec la joie, puisqu’il s’agit de poster en ligne son agression pour nuire davantage à une victime ou à ce qu'elle représente

Le cyberharcèlement consiste en l’accumulation d’agressions en ligne de la part d’un individu ou d’un groupe pour nuire à une cible individuelle ou collective.



Biais cognitifs et dimension de l’agression en ligne


Comme déjà évoqués dans des articles précédents, les facteurs spécifiques à internet tels que la perception d’anonymat, le manque d’autorité explicite laissant aux utilisateurs un sentiment parfois exacerbé de liberté, vont promouvoir une désinhibition conséquente en ligne. Alors bien sûr, il est courant de voir des utilisateurs d’internet qui profitent de cette liberté pour exprimer les désaccords sans agressivité. Ou bien on peut aussi en profiter plus facilement pour ventiler sa frustration sur internet suite à un événement, ce que l’on appelle “venter” (de “to vent” en anglais). Quand bien même le langage peut devenir “fleuri”, les agressions vont se caractériser par leur caractère intentionnel et le cyberharcèlement par des agressions répétitives. Mais avec la désinhibition en ligne, cela devient très permissif !

Par ailleurs, l’être humain étant particulièrement social, il va déjà être confronté aux biais de groupe en ligne, mais ne sera pas non plus dans des circonstances favorables pour bénéficier de ses capacités d'empathie envers la victime sur internet.


Les biais sociaux

Alors que le cerveau a un besoin biologique de se faire accepter dans un groupe, les utilisateurs peuvent être davantage encouragés à manifester un comportement violent en ligne lorsque ce dernier semble accepté dans un groupe. Tout comme dans les environnements hors ligne, cela peut être perçu comme un moyen d’attirer l’attention, d’avoir l’air cool, ou dur, ou même d’exprimer une forme de pouvoir. Mais en ligne, les plateformes sociales et leurs utilisations s’étant multipliées, ces biais peuvent devenir de plus en plus présents, tant la prolifération des groupes explicites ou implicites nous offre des occasions démultipliées de se sentir accepté et d’exprimer des marqueurs d’identité.

Un autre facteur lié aux dynamiques de groupe réside dans ce que l’on appelle la diffusion de responsabilité : lorsqu’un comportement agressif existe dans un groupe, le manque d’autorité d’une part, et l’impression qu’une agression est faite de manière collective ou alors qu’elle n’est pas grand chose dans tout un groupe, augmente la notion de non responsabilité. Dans ces conditions, un agresseur se sentira donc bien moins coupable que s’il avait l’impression d’agir seul. “Après tout, je ne rajoute qu’un commentaire un peu fort, ce n’est pas grand chose”.


Et L’empathie dans tout ça ?

La distance géographique amenée par les environnements connectés devient une distance émotionnelle, et ne nous laisse pas facilement bénéficier de nos capacités d’empathie. En effet, une fois en ligne, nous ne sommes pas face aux réactions émotionnelles de la victime, qui dans beaucoup de cas pourraient faire réfléchir des agresseurs. Il est plus difficile d’anticiper la douleur que l’on peut infliger à autrui en ligne. Pourtant, hors ligne cela peut être plus compliqué pour les agresseurs, et la victime peut aussi recevoir plus de support d’autres témoins qui se sentiront également plus confrontés à la détresse de la victime.


Voici une vidéo de sensibilisation contre les agressions en ligne, et qui résume bien le décalage entre la violence infligée hors ligne et en ligne :


Amplification de l’agression en ligne

Malheureusement, en plus de ces biais cognitifs qui pourraient favoriser une bonne partie de la diffusion de la violence en ligne, certains utilisateurs profitent tout simplement d’internet comme d’un terrain de jeu qu’il peut offrir pour être violent. Comme pour la vie hors ligne, cette agressivité peut être issue d’un désir de vengeance, de jalousie, ou simplement du plaisir ressenti à faire du mal, parfois même uniquement par l’ennui !

Et puis, le fait d’avoir des agressions par voie numérique accroît l'impact qu’elles peuvent avoir sur la victime à bien des égards:

  • Pas de refuge : les agressions en ligne peuvent avoir lieu peu importe quand et où

  • La persistence : les agressions en ligne restent visibles, et cela peut encore encourager des agresseurs et dans tous les cas rappeler à la victime les insultes qui ont pu être proférées

  • La taille de l'audience : elle peut devenir énorme, et avec elle la dimension de la honte et d’autres agresseurs qui peuvent s’inviter aux comportements haineux.



Que faire ?


On n'est donc pas forcément plus violent mais internet favorise la diffusion de la violence, alors prendre conscience des facteurs de diffusion amène-t-il des solutions ?

Il semble que oui : en Finlande, un programme éducatif de lutte contre le harcèlement et le cyberharcèlement proposé dès la maternelle, et qui se focalise sur ces biais avec des jeux de rôles et des interventions entre agresseurs et victimes chaperonnées par un adulte a permis de régler plus de 85% des cas !


  • Ensuite, à titre individuel, voici ce que l’on peut faire en tant que victime :

  1. Faire des copies d’écrans des posts ou messages manifestant des agressions.

  2. ne pas répondre à l’agresseur

  3. Le bloquer, l’enlever de sa liste de contact ou d’amis

  4. Impliquer un adulte ou un grand frère ou une grande soeur

  5. Rapporter le cas au réseau social ou à l’opérateur téléphonique


  • En tant que témoin aussi on peut se sentir indigné mais pourtant impuissant, alors voici quelques conseils :

  1. Refuser de diffuser des messages

  2. Rapporter au modérateur (site, app, réseau téléphonique)

  3. Aider les victimes en communiquant avec elle : la compassion et le soutien moral peuvent changer leur quotidien alors il ne faut pas hésiter à faire ce pas vers elles.

  4. Bloquer les agresseurs

  5. Considérer une intervention hors ligne avec un adulte


L’important c’est d’essayer malgré tout d’écarter le danger, de proposer du soutien, et de se rapporter à des autorités pour lutter contre l’impunité des agresseurs.


>> Si jamais vous êtes témoins ou victimes d’agressions en ligne ou de cyberharcèlement vous pouvez contacter :

  • Au Québec la SVPM : https://spvm.qc.ca/fr/Jeunesse/Cyberintimidation

  • en France, au téléphone la police au 17 ou en Europe le 112 ou bien contacter la police sur les réseaux pour communiquer avec un agent par messagerie instantanée (la discussion peut être effacée à tout moment si vous le souhaitez)




Références :

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