Mamzelle Cervelle
Le Zoom Boom et les effets de nos réunions en ligne.
Alors que l’application Zoom poursuivait sa belle croissance en atteignant 10 millions d’utilisateurs quotidiens en décembre 2019, la crise sanitaire a provoqué un véritable boom lorsqu’il a pu être comptabilisé plus de 200 millions d’utilisateurs dès mars 2020 !
En effet, alors que nos communications en ligne évoluaient déjà beaucoup, elles furent boostées par les mesures sanitaires, telles que le télétravail et le confinement, appliquées pendant la pandémie.
Mais quels sont les effets d’une telle révolution ?
Qu’il s’agisse de travail ou de vie personnelle, beaucoup d’entre nous ont adopté des nouveaux usages dans l’urgence. Mais un pas de recul et quelques astuces nous permettent de mieux contourner les risques qui peuvent pointer à l'horizon, pour mieux vivre cette belle part que prend la technologie dans le gâteau de notre vie.

Maintenir les interactions sociales et gérer la fatigue
Pendant la crise sanitaire, beaucoup d’entreprises ont adopté ou élargi les options de télétravail et de mode hybride (une partie chez soi, une partie au bureau). Aussi bien dans la sphère personnelle que professionnelle, on a donc pu avoir l’expérience d’une augmentation considérable du nombre d’appels vidéo et du temps passé en vidéo conférence. Pour près de la moitié des américains, le quotidien a changé avec ces nouveaux usages pour des appels vidéo qui permettent à des familles et cercles de d’amis de maintenir le lien social sous une forme adaptée aux conditions. Mais pour des travailleurs connectés toute la journée avec des collègues, il reste parfois compliqué d’avoir le même entrain pour un appel vidéo supplémentaire, même pour profiter de ses relations personnelles. En gros, avec la journée déjà passée devant un écran, on veut s’en écarter un peu.
Alors que des employés subissait des problèmes de burn out contribuant à un phénomène global ce que des journalistes ont nommé “ The Great Resignation” (la grande démission), il a même été évoqué dans la presse les conséquences d’une “Zoom fatigue” (fatigue du Zoom). Ainsi, malgré les bénéfices évidents que peuvent apporter les nouveaux outils de communication vidéo, et la préférence du télétravail pour la majorité des travailleurs, il semble pertinent de considérer les facteurs de fatigue et de dépasser le mode de l’urgence afin de s’organiser autour de ces nouveaux modes de vie. Parmi eux :
la gestion de la charge cognitive
l’exposition accrue à la lumière bleue
Une demande d’attention accrue en appels vidéo
Alors que l'on reste chez soi bien assis, pourquoi les appels vidéo peuvent être épuisants ?
Bien sûr, ils offrent un accès au visuel des interlocuteurs.
Mais tout d’abord il n’y a qu’une partie du visuel, qui ne nous permet pas la visibilité naturelle des face à face avec tout le langage corporel. Ces informations visuelles jouenet leur rôle dans la compréhension de la tonalité, des émotions que peuvent ressentir les autres, mais aussi dans le transfert de parole entre des participants. Alors avec cette pauvreté d’indices non verbaux qui représentent pourtant la majorité du langage selon les psychologues, nous devons faire des efforts supplémentaires pour interpréter les communications.
Par ailleurs, la qualité de la connexion n’est pas toujours idéale et les sons environnants peuvent plus facilement s’inviter dans les espaces personnels que professionnels. Qu’il s'agisse d’un wifi capricieux ou bien de travaux, de voisins, de membres de la famille (animaux inclus), etc… , nous devons prêter plus d’attention au son. Mais contrairement à ce qui a pu être imaginé pendant des décennies, l’attention n’est pas une fonction passive, et il s’agit bien d’un processus actif qui consiste à se débarrasser des informations évaluées comme obsolètes par le cerveau. Lorsque notre attention réussit effectivement à nettoyer le bruit pour se concentrer sur le son d’une voix afin d’isoler une parole, on peut parler de l’effet “cocktail party”. Ce dernier tient effectivement son nom de notre capacité à suivre une conversation dans une fête malgré toutes les sons d’autres discussions qui viennent perturber notre environnement sonore.
Aussi liées à la qualité de la connexion d’une part, ainsi qu’au fameux "T'es en mute”, devenu un véritable slogan universel si bien qu’on en fait même des T-shirts, entrent en jeu les interruptions des conversations par les contraintes techniques. Que ces arrêts nous forcent à redémarrer, nous reconnecter, ou simplement à enlever notre fonction 'silencieuse', elles amènent tous les participants à une conversation à se re-concentrer sur le sujet, de se rappeler parfois de la dernière phrase avant la coupure. Là aussi, en plus de la demande d'attention supplémentaire lorsque la conversation est continue, l'exposition aux interruptions vient puiser davantage dans nos ressources cognitives !
Le résultat est que notre cerveau travaille très probablement encore plus dans des appels vidéos pour traiter l’information d’une conversation. Ainsi, puisque malgré les 2 à 3% de poids corporel qu’il représente, il consomme 20 à 30% de l’énergie du corps, on peut imaginer la fatigue supplémentaire que peut représenter ces nouveaux modes d’interaction. Et ce, donc, même si on reste assis !
Que faire ? Il convient dans la mesure du possible de :
distribuer au mieux ses appels vidéos dans la journée ou dans la semaine pour adopter un rythme des plus convenables pour éviter la surcharge cognitive.
Limiter le temps d’appel : L’application Zoom avait pour un temps une limite de 40 minutes pour l’accès gratuit, en fait ce n’est pas si mal.
Se réserver des temps de pause, et au besoin dans son calendrier virtuel, même 5 ou 10 minutes, pour se recharger en se déplaçant et pourquoi pas une mini-marche dehors.
Une exposition prolongée à la lumière bleue
Alors que le soleil est la première source d’exposition naturelle à la lumière bleue, notre temps passé à être connecté vient bouger les lignes.
La plupart des appareils sur lesquels nous passons notre temps en ligne comme les smartphones, les tablettes et les ordinateurs utilisent des écrans LED (Light Emitting Diode). Ces écrans diffusent de la lumière bleue, et celle-ci agit directement sur le cerveau. En effet, elle vient diminuer la sécrétion de mélatonine par la glande pinéale. Cette hormone est impliquée dans l’équilibre de nos rythmes circadiens (éveil / sommeil). La mélatonine a tendance à être sécrétée en fin de journée pour déclencher les mécanismes biologiques propices à l'endormissement. Et avec un déficit en mélatonine, il a été observé une augmentation de la fatigue diurne, une diminution de la vigilance matinale, et un retard à l’endormissement. De plus, la mélatonine est impliquée dans la régulation de l’humeur et de la mémoire. Enfin il existerait des effets long terme dûs au stress photo-chimique de la lumière bleue sur les yeux comme l’altération des capacités d’absorption de la rétine ou de rétablissement des lésions de l’oeil.
Heureusement il y a aujourd'hui tout autant de moyens pour gérer notre exposition à la lumière bleue :
Tout d’abord il existe des filtres à la lumière bleue que l’on peut disposer sur des écrans
On peut également utiliser les modes ‘nuit’ ou ‘eye saver’ des écrans qui proposent de plus en plus ce type de fonctionnalités permettant de diminuer l'émission de lumière bleue
On peut également se procurer des lentilles ou des verres de lunettes qui filtrent la lumière bleue et les opticiens le proposent de plus en plus
Évidemment ne pas oublier ses lunettes de soleil lorsqu’il fait beau !

En vous souhaitant un bel été,
Mamzelle Cervelle
References :